Le retour du pic pétrolier.

Patrick Brocorens, Président de l’Association pour l’Etude du Pic Pétrolier et gazier (ASPO) Belgique.

Interview du 19 mai 2020, recueillis par Jean-Baptiste Godinot pour le collectif Respire.

  • 1. Le prix du baril de pétrole a atteint un prix négatif sur le marché Américain le 20/04/2020. C’est tout à fait inédit. Qu’est-ce qui selon toi a mené à cette situation?

Le passage sous zéro du prix du pétrole résulte d’aspects techniques liés à la cotation du pétrole combinés à l’état du marché de l’offre et de la demande.

Tout d’abord, l’aspect technique.

Il s’agissait de contrats à terme (dits “futures” en anglais). Ce type de contrat est un outil financier qui permet aux producteurs de gérer les risques du marché en vendant le pétrole à un prix connu d’avance pour une livraison à une date parfois très éloignée dans le futur et fixée dans le contrat. Une fois émis, ces contrats s’échangent constamment sur le marché jusqu’à la date de leur échéance, et le dernier acheteur à détenir le contrat reçoit physiquement le pétrole. Dans le cas qui nous préoccupe ici, le contrat concernait l’échéance de mai 2020, qui expirait le lendemain de l’effondrement du cours, le 21 avril.

C’est là que les fondamentaux du marché sont intervenus. Les traders et autres intervenants intéressés par les fluctuations de cours mais non par une livraison physique de pétrole – où le stockeraient-ils ? Dans leur appartement new-yorkais ? – devaient absolument trouver avant expiration du contrat un acheteur voulant être livré. D’habitude, cela ne pose pas de problème, mais vu le déséquilibre vertigineux entre l’offre et la demande de pétrole à la suite de la crise sanitaire (l’économie au ralenti consomme moins de pétrole), les acheteurs de pétrole physique se sont faits rares, car les espaces de stockage approchaient de la saturation. Certains intervenants ont donc dû payer cher pour que quelqu’un reprenne leur pétrole, très cher même puisque le cours est descendu jusque -40$ par baril. Le lendemain, c’est le contrat à échéance en juin qui est devenu la référence pour la cotation du pétrole américain, et les prix ont rebondi dans le positif, les opérateurs disposant d’un mois avant expiration.

Le comportement des producteurs de pétrole a également joué. La chute de la demande fut énorme en avril, estimée entre 15 et 30 millions de barils/jour, et l’offre a eu du mal à s’ajuster. Les grands pays exportateurs de pétrole avaient bien annoncé un accord pour réduire la production de 10 millions de barils/jour, mais la mise en application est lente et comme pour les accords précédents, les pays l’appliquent avec une certaine latitude. Les compagnies privées n’étaient pas non plus enclines à fermer d’un cran le robinet, et encore moins à le fermer totalement pour le rouvrir dans un futur meilleur vu les coûts que cela entraîne. L’offre restait donc surabondante. Le facteur limitant était ici le stockage, et progressivement le manque d’espace a finalement contraint physiquement certains producteurs à réduire la production ou à fermer des puits.    

  • 2. Quels sont les principaux effets de cet effondrement des prix auxquels nous devons nous attendre dans le futur proche et ensuite?

Pour mieux comprendre les dynamiques pétrolières actuelles et leurs effets possibles, retournons quelques années en arrière, en 2004-2008. A cette époque, le déclin des gisements vieillissants commençait à l’emporter sur la montée en puissance des nouvelles mises en production, un événement historique marquant le début du déclin de la production mondiale de pétrole brut conventionnel. Cette catégorie de pétrole représentait quasiment 90% des approvisionnements. Les prix du pétrole flambèrent jusqu’à près de 150$/b sur le marché américain en juillet 2008, la bulle immobilière américaine éclata, et le monde plongea dans la crise financière. C’est alors qu’à la surprise de tous arriva le pétrole de roche-mère américain (pétrole de schiste), sauvant le monde d’un choc pétrolier durable mais ajoutant sa contribution au détraquement climatique. Il y eut tout d’abord quelques pionniers qui virent qu’en combinant fracturation hydraulique et forage directionnel ils pouvaient arracher du pétrole à une ressource connue depuis longtemps, mais jusque-là négligée car réfractaire à libérer ses molécules d’or noir. Et puis il y avait le timing. Le prix du pétrole était élevé et la crise financière avait changé les règles du jeu : l’Amérique croulait sous les capitaux en mal d’investissement. Avant le pétrole de schiste, les pétroliers américains tournaient en rond sur leur territoire, ne parvenant pas à enrayer un déclin de production entamé en 1970. Quand ils virent qu’il était possible d’extraire du pétrole de la roche-mère (roches où s’est formé le pétrole), tout ce monde se rua massivement sur la ressource. En quelques années, le pétrole de roche-mère devint la locomotive de la croissance pétrolière mondiale en lieu et place du pétrole conventionnel chancelant. En 2014, l’offre avait tellement augmenté que le prix du pétrole décrocha des 100$/b, hauteurs où il était perché depuis quelques années déjà. La division du prix par deux laissa croire à un retour au bon vieux temps du pétrole bon marché.  

Pourtant, financièrement, à 50$/baril ce pétrole est jusqu’à présent décevant : les compagnies génèrent trop peu de cash pour payer leurs forages, et réclament un afflux constant d’argent frais auprès des investisseurs. C’était déjà le cas les premières années, avec un pétrole à 100$/b, mais cette situation ne soulevait pas d’inquiétude car c’est le lot commun des sociétés en forte croissance : on dépense beaucoup aujourd’hui en espérant en gagner plus demain. Mais le pétrole de roche-mère a une particularité : le débit est maximal à la mise en production du puits, ensuite il décline rapidement. Sans nouveaux forages, la production américaine de pétrole de roche-mère tomberait de moitié en un an à peine. Dans ces conditions, les investissements lourds sont récurrents. “L’année prochaine nous feront du cash”, répétaient les compagnies. Quelques années plus tard, les investisseurs demandent que cette promesse devienne réalité, sans pression déterminante toutefois, car les capitaux en recherche de placement restent abondants.

C’est ainsi que la politique monétaire non-conventionnelle américaine qui suivit le choc pétrolier de 2008 a largement permis la croissance de la production de pétrole non-conventionnel et l’a entretenue pendant une décennie dans un contexte de prix beaucoup trop bas pour assurer la santé économique du secteur. Elle a favorisé la chute des cours, avec comme autre corollaire la baisse des investissements dans le pétrole conventionnel.

A la veille de la crise du coronavirus, le futur de la production pétrolière tenait en deux grandes tendances de fond. La première concerne la production de pétrole brut conventionnel, sur un plateau depuis plus de dix ans déjà. Le déclin était jusqu’ici insensible, mais le rapport annuel de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), WEO2018, affirme que depuis la baisse des cours en 2014, les investissements sont inférieurs de moitié à ce qui est nécessaire pour atténuer le déclin. Le montant investi correspondrait au scénario développement durable (jusqu’en 2025) de l’AIE, et non au scénario de référence suivi par nos gouvernements, et ce, sans pression politique supplémentaire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. La déplétion pétrolière naturelle au secours du climat ! La deuxième évolution déterminante était celle du pétrole de roche-mère américain, secteur pour lequel tout le monde s’attendait à une forte augmentation de production jusqu’en 2025, bien que des doutes subsistassent sur la capacité de l’industrie à réaliser la hausse nécessaire pour équilibrer le marché. Mais les analystes s’accordaient pour dire que vers 2025-2030 le potentiel de hausse serait épuisé, et que la production plafonnerait quelques temps avant de décliner. Le reste du monde a aussi du pétrole de roche-mère, mais ne profite pas des conditions exceptionnelles propres aux USA. En faisant le bilan de ces deux tendances dominantes, celles du brut conventionnel et du pétrole de roche-mère américain, je m’attendais donc à observer d’ici 2025 des tensions sur l’offre, et des prix retournant vers les 100$/b.

Alors surgît le coronavirus, qui fit dégringoler le prix du baril. A la suite de cet événement, il apparait clair que les investissements dans le brut conventionnel se réduisent, et qu’il faut donc s’attendre à un déclin de production plus prononcé que prévu. Pour le pétrole de roche-mère, on peut anticiper des perturbations de l’industrie, avec faillites des plus faibles producteurs, récupération des meilleurs actifs par les plus robustes, et une baisse de production qui a commencé et qui perdurera tant que les prix resteront déprimés. Soulignons que les baisses de production discutées ici sont dues à l’épuisement des gisements, que ne compensent pas les nouveaux gisements mis en production (effet structurel pour le conventionnel, temporaire pour le pétrole de roche-mère), et non à la fermeture volontaire de robinets qu’on observe actuellement dans l’attente d’un rebond de la demande. Dans les chiffres bruts de production publiés, les deux effets sont évidemment présents et indiscernables. Ajoutons à ce tableau la fermeture définitive des puits marginaux trop coûteux à relancer après arrêt, et une possible déstabilisation de pays exportateurs de pétrole comme l’Algérie. Ces tendances seront d’autant plus lourdes que les prix resteront bas longtemps.

Les ingrédients pour une offre pétrolière en déclin et perturbée sont désormais réunis.

La différence d’inertie entre les capacités de production conventionnelle et celles de roche-mère aura un rôle fondamental sur le lissage des perturbations de l’offre. Pour le conventionnel, l’inertie est forte à cause du déphasage de quelques années entre les investissements et les mises en production : nous profitons aujourd’hui des investissements décidés quand le baril était cher, les effets du coronavirus ne seront visibles que dans quelques années, et si demain un prix du pétrole élevé relançait les investissements, plusieurs années s’écouleraient avant de voir une inflexion des tendances. Pour le pétrole de roche-mère, l’inertie est faible : il faut à peine quelques semaines pour mettre en production un puits, et les productions déclinent aussi après quelques semaines. La production réagit donc très vite à une reprise ou à un arrêt des investissements. Sur le court terme, la baisse de production de roche-mère va équilibrer le marché plus rapidement que prévu, limitant peut-être les dégâts pour le secteur pétrolier, et faisant remonter les prix. D’ici 2025, les productions épargnées aujourd’hui pourraient aussi compenser en partie le manque plus important de nouvelles mises en production de pétrole conventionnel. Mais si une relance forte du pétrole de roche-mère est nécessaire, les investissements devront à nouveau être massifs. Ils se feront vraisemblablement sous des prix plus élevés que ces dernières années, les producteurs de pétrole de roche-mère et leurs investisseurs devant récupérer de plus d’une décennie de destruction continue de capital.

Voilà pour l’offre.

Du côté de la demande, tant la remontée spectaculaire des marchés financiers après les premiers effets du confinement dû au coronavirus, que les annonces de nouvelles politiques monétaires non-conventionnelles en soutien à l’économie (par assouplissement des normes bancaires et injections massives de liquidités dans le système financier) suggèrent que les acteurs financiers anticipent un retour rapide à une consommation soutenue, et donc à un rebond rapide de la demande pétrolière. Si c’est bien le cas, il faut toujours s’attendre à observer d’ici 2025 des tensions sur l’offre et des prix retournant vers 100$/b, du moins si l’économie le supporte. A première vue, rien de bien neuf par rapport aux prévisions d’avant le coronavirus. Pourtant si : le niveau de production-consommation sera moindre, les incertitudes et tensions géopolitiques plus nombreuses, les déséquilibres financiers plus importants, la résistance de l’économie mondiale à un nouveau choc pétrolier plus faible, la capacité des états à lancer un nouveau plan massif de sauvetage de l’économie plus réduite.   

  • 3. Estimes-tu que cet effondrement des prix illustre la théorie du “plateau ondulant” avancé par les théoriciens du pic du pétrole ?

L’histoire de la production pétrolière mondiale connaitra en gros trois phases : la hausse de la production (ce qu’on connait depuis 150 ans), le pic (on y arrive), et puis le déclin (peut-être encore 150 ans de pétrole, mais moins chaque année, ce qui est un problème dans une économie pétro-dépendante en croissance). Comme le sommet d’une montagne, le pic en tant que tel peut être pointu (un an ou deux) ou étalé sur une ou plusieurs décennies, temps pendant lequel la production et les prix ondulent au gré des aléas techniques, économiques et géopolitiques, d’où le nom de plateau ondulant. Dans les phases de contraintes sur l’offre, les hausses de prix stimulent les investissements pétroliers qui permettent de se maintenir sur le plateau, mais aboutissent au final à une phase de destruction de la demande (historiquement sous forme de récession), vu que la demande ne peut dépasser le niveau du plateau. La phase de baisse de consommation qui s’en suit, au moment où les investissements passés mettent sur le marché de nouvelles productions, font chuter les prix, laissant croire à un retour à un pétrole bon marché. L’économie mondiale respire, se reprend, relance la demande, alors que les investissements pétroliers sont dans le creux de la vague, annonçant les prochaines contraintes sur l’offre et hausses de prix.

Depuis le tournant du millénaire, ce scénario se met petit à petit en place. Disons que nous avons quitté la dynamique du siècle passé, un siècle de croissance ininterrompue de la production sans contrainte géologique décisive, mais que nous ne sommes pas encore de plein pied sur le plateau ondulant ; malgré un épisode de quelques années de contraintes sur l’offre lié au pic du brut conventionnel, la production tous pétroles est repartie à la hausse.

Quant à l’effondrement actuel de la demande et des prix, il résulte de la crise du coronavirus. C’est un événement inédit et étranger au scénario du plateau ondulant. Ces modifications soudaines de demande et de prix ne résultent pas d’une flambée des prix du pétrole engendrant une crise économique mondiale ou l’adoption de mesures politiques de réduction de la consommation pétrolière. Il s’agit d’une mise à l’arrêt temporaire de l’économie et des déplacements non essentiels en attendant que le virus passe. Cependant, oui, les effets sont similaires à ceux produits par les chutes de prix du scénario du plateau ondulant : les investissements chutent avec la diminution des prix, préparant une future contrainte sur l’offre par la baisse conjointe des productions de pétrole conventionnel et de roche-mère.     

  • 4. Penses-tu que le pic du pétrole a été franchi en 2018 au niveau mondial?

Nous sommes sur les contreforts du plateau ondulant depuis le début du nouveau millénaire, avec un premier choc de l’offre ayant eu lieu en 2004-2008. Si le plafonnement de la production a pu être retardé jusqu’ici, c’est en partie grâce aux politiques monétaires non-conventionnelles qui ont permis de stimuler à la fois l’offre et la demande pétrolière. En perturbant les investissements et en faisant éclater au grand jour les déséquilibres de l’industrie du pétrole de roche-mère, le coronavirus pourrait donc clore cet entre-deux et ouvrir clairement la période du plateau ondulant. Dans ce cas, le niveau de production de ces dernières années ne sera peut-être jamais dépassé, ou seulement pendant quelques années à peine.

Cependant, les annonces de ces dernières semaines indiquent que les gouvernements sont à nouveau prêts à user de toutes les innovations financières, politiques monétaires non conventionnelles, et changements des règles du jeu pour relancer la croissance de l’économie mondiale. Tant que le système économique supporte ces thérapies de choc, il est possible que les déséquilibres de l’industrie continuent à être entretenus pendant encore des années, permettant de relancer le pétrole de roche-mère et de limiter les contraintes sur l’offre, même dans un contexte de prix bas. Cette poursuite de la situation antérieure au coronavirus, et née après le choc de 2008, ne serait qu’à moitié positive pour l’économie, dans la mesure où la jouissance immédiate de prix bas se paiera plus tard via l’accroissement des déséquilibres économiques, déjà très nombreux au niveau mondial. Dans un futur plus lointain, on peut aussi envisager une situation extrême où certains gouvernements de pays producteurs en viendraient à supporter une industrie pétrolière structurellement déficitaire en amont, les retombées positives en aval étant estimées vitales pour le pays. Mais dans le proche avenir, c’est bien l’état de la finance mondiale qui sera le facteur clé de l’évolution de la production pétrolière ; le pétrole de roche-mère y est particulièrement sensible.  

  • 5. En 2008, le Parlement Bruxellois votait une résolution sur les pics du pétrole et du gaz, visant à préparer la Région à cette réalité. http://respire-asbl.be/?Pics-du-petrole-et-du-gaz. On peut dire que rien n’a été fait pour réduire la dépendance de la région au pétrole. Alors que nous sommes désormais dans une situation énergétique totalement inédite qui plaide en faveur d’une sobriété prochaine, les pouvoirs publics continuent de promouvoir des projets de développements particulièrement énergivores. Ainsi le développement de la 5G, les politiques d’aménagement du territoire basés sur le béton (Plans d’Aménagements Directeurs – PAD à Bruxelles) pour densifier la ville et bétonner des surfaces naturelles, le soutien massif à l’agriculture intensive, au transport aérien, les politiques touristiques agressives pour attirer toujours plus de visiteurs. Comment expliquer cette inertie ?

Au niveau politique, il est vrai que les résultats auraient pu être meilleurs. Dès 2007, des collègues de l’UMONS et moi-même avons écrit aux différents niveaux de pouvoirs, en particulier à tous les bourgmestres du pays, pour les inciter à mettre sur pied un comité pic du pétrole pour réduire la dépendance au pétrole. Nous espérions qu’il serait plus aisé d’initier une dynamique au niveau communal qu’aux niveaux régional et fédéral sur un problème méconnu. Les bourgmestres ont été peu nombreux à nous répondre et les réponses nous ont surtout enseigné les différences culturelles entre le nord et le sud du pays : les flamands nous ont écrit qu’ils avaient décidé de ne pas suivre nos recommandations, les francophones que tout cela était bien intéressant et qu’ils ne manqueraient pas de nous recontacter.

L’information faisait son chemin cependant, et au cours des mois et années suivants, des hommes et femmes politiques s’intéressèrent de près au sujet, si bien que les trois régions finirent par adopter une résolution pour se préparer aux pics du pétrole et du gaz (Région wallonne en juillet 2008, Région de Bruxelles-Capitale en décembre 2008, Région flamande en juillet 2010). En particulier, Michel Lebrun, alors parlementaire wallon, organisa en 2008 une série d’auditions sur le pic pétrolier au Parlement wallon, lesquelles aboutirent à la création d’un comité parlementaire sur le pic du pétrole composé de représentants des quatre grands partis de l’époque. Puis en 2011, avec nos collègues hollandais de Peakoil Nederland, nous avons organisé à Bruxelles la neuvième conférence internationale de l’ASPO (Association pour l’étude du pic du pétrole et du gaz). Trois jours de conférences soutenus par les ministres Huytebroeck, Henry, et Lutgen, avec des ramifications au Parlement européen grâce à Philippe Lamberts et au député luxembourgeois Claude Turmes, et une journée au Parlement wallon grâce au comité pic du pétrole, là encore sous l’impulsion de son Président, Michel Lebrun. Grâce à ce même comité, en 2013, il y eut encore l’enquête publique du Parlement wallon sur les liens entre l’économie et le pic pétrolier, et les implications pour la Wallonie, dont nous (ASPO.be) avons résumé les soumissions en un rapport présenté au Parlement wallon en 2014. A cette date, cependant, le prix du pétrole décrochait des 100$ et Michel Lebrun partait pour l’Europe, prenant la présidence du Comité des Régions ; le comité pic du pétrole du parlement wallon fut dissous peu après.

Ces années de difficile conscientisation ne furent suivies d’aucune véritable décision concrète visant à réduire notre dépendance au pétrole, à cause de plusieurs facteurs qui sont toujours présents aujourd’hui. J’en mentionnerais quelques-uns. Le premier est la difficulté de perception du problème. La société n’était pas, et n’est toujours pas, suffisamment informée de la nature du problème. Il fallait donc du courage à un homme ou à une femme politique pour annoncer à la population l’arrivée d’un problème majeur dont personne ou presque n’avait entendu parler. Les prix élevés du pétrole ont aidé leur passage à la parole. Mais comme on l’observe avec le défi climatique, c’est généralement la société civile ou la population qui remonte les problèmes vers le politique, et il faut une masse critique de personnes martelant le même propos pour espérer un passage à l’acte politique.

Un deuxième frein à l’action est la temporalité différente des humains et du pic pétrolier. Le courtermisme est la maladie de notre époque : la nouveauté à peine née est déjà obsolète, l’humain vit dans l’immédiateté, l’instant présent ; et si par bonheur certains hommes et femmes politiques continuent de se projeter dans l’avenir, leur temps politique reste rythmé par les élections. Contrairement à l’horizon humain borné au temps court, le pic pétrolier et ses conséquences s’étalent sur des décennies.

Le temps long du pic pétrolier se reflète notamment à travers l’évolution des prix. Nous n’avons eu de cesse de répéter, et cela s’est vérifié pendant toutes ces années, que la volatilité importante des prix associée au pic pétrolier allait empêcher de prendre pleinement la mesure du tournant historique qui se met peu à peu en place, et de prendre les dispositions adéquates – à nouveau un problème de visibilité. Depuis le nouveau millénaire, la volatilité des prix nous a montré plusieurs yo-yo, parfois de longue durée: 2004-2008 (hausse lente, terminée par une flambée jusque 150$/b, lié au pic du pétrole conventionnel), 2008 (crash éclair jusque 30$/b lié à la crise financière), 2009-2014 (l’économie est sauvée, rebond des prix et maintient vers 100$/b), 2014-2020 (crash et fluctuation vers 50$/b, liés au pétrole de roche-mère), et maintenant écroulement supplémentaire des prix par le coronavirus. Six ans de prix bas ont suffi pour oublier. D’autant plus facilement que sur le papier les ressources restantes apparaissent gigantesques, alors que beaucoup d’entre elles sont de très mauvaise qualité, peu utiles sur les plans économique ou énergétique.

De fait, l’intérêt pour le pic pétrolier suit le cours du baril ; je sais que quand les prix montent, le téléphone de mon bureau va sonner pour des conférences, des interviews. Ce n’est pas comme cela qu’on construit l’avenir ; les décisions liées à l’énergie nécessitent des politiques de long terme et l’essentiel n’est pas le pic, mais le long déclin de production qui le suit. Il est donc nécessaire de s’y préparer à l’avance. Mais jusqu’à aujourd’hui, délocalisations, allongement des chaînes logistiques, accroissement de la mobilité, intensification technologique, partout s’accélèrent les transformations de la société qui aggravent notre dépendance au pétrole et aux énergies, comme si nous n’étions toujours pas le moins du monde capable d’envisager la possibilité d’une rupture énergétique dans le proche avenir.

  • 6. Les messages rassurants de certains acteurs du monde de l’énergie n’étaient-ils pas également un frein à la mise en place de solutions ?

Comme pour le défi climatique, les hommes et femmes politiques ont été tiraillés entre des messages contradictoires, de puissants intérêts les pressant de ne pas se presser. Le secteur pétrolier n’était certainement pas le seul, et leur attitude était loin d’être uniforme. Une grande partie du secteur ne voulait pas entendre parler de pic pétrolier, c’est sûr : le pic pétrolier, c’est le retour des limites naturelles s’opposant à la toute-puissance humaine, et concrètement moins de production, moins de ventes, bref une mauvaise nouvelle pour les producteurs. Quand dans les années 1950s, un analyste de Shell, Marion King Hubbert avertit que les USA atteindraient leur pic de pétrole conventionnel vers 1960-1970, il ne fut pas davantage écouté par ses collègues. La réalité finit par les rattraper : la production de pétrole conventionnel des USA décline depuis 1970s. C’est le même genre de réaction qui s’observe à l’heure actuelle à l’idée d’un pic pétrolier mondial.

Vous seriez aussi sans doute étonné d’apprendre que très peu d’acteurs pétroliers se donnent la peine de se procurer les chiffres des réserves pétrolières mondiales, du moins les chiffres qui comptent et non les chiffres politiques que tout le monde connait, et d’évaluer les implications pour la production future. Pour les compagnies pétrolières qui avaient fait ce travail, le plafonnement de la production conventionnelle mondiale en 2004-2008 n’était pas tout à fait une surprise, si ce n’est l’avancement du timing. Des compagnies comme TOTAL ont alors commencé à parler ouvertement de pic pétrolier. L’action la plus spectaculaire fut la campagne de communication massive ʺwillyoujoinusʺ que Chevron lança en 2005 aux USA, avec des messages du style ʺLa production de pétrole est en déclin dans 33 des 48 plus grands pays producteurs de pétroleʺ, ʺLe monde consomme deux barils de pétrole pour chaque baril découvert. Est-ce que cela devrait vous inquiéter ?ʺ. Chevron appelait ensuite à la mobilisation générale. ʺLes entreprises, les gouvernements, et chaque citoyen de cette planète doivent faire partie de la solution aussi sûrement qu’ils font partie du problème. Nous appelons les scientifiques, les enseignants, les politiciens et les conseillers politiques, les environnementalistes, les leaders industriels et chacun d’entre vous à contribuer à l’aménagement de la prochaine ère de l’énergie. […] Chez Chevron, nous croyons que l’innovation, la collaboration, et la réduction de consommation forment les pierres angulaires sur lesquelles construire ce nouveau monde.ʺ Oui, une compagnie pétrolière appelait à faire des économies d’énergie, reflétant le doute qui régnait chez certains producteurs de pouvoir faire croître indéfiniment la production pétrolière mondiale. Ces messages ne furent pas plus écoutés que les nôtres, et quand le pétrole de roche-mère arriva massivement, ils cessèrent.

C’est que le courtermisme afflige aussi les compagnies pétrolières, leur temps étant rythmé par la publication des rapports financiers : c’est au moment où la production conventionnelle était en train de plafonner que Chevron lança sa campagne de communication, pas dix ans avant. Mais si la communication sur le pic pétrolier a cessé, le sujet n’a pas disparu de leur écran radar. Lorsqu’aujourd’hui Patrick Pouyanné, PDG de TOTAL annonce qu’il veut réduire la dépendance de TOTAL au pétrole, il ne fait qu’annoncer l’inéluctable transformation du groupe.

  • 7. Comment s’insère le pic pétrolier dans les discours sur le climat ? N’est-ce pas une bonne nouvelle pour le climat ?

Dans la majorité des discours sur les maux du pétrole, c’est la face climatique qui est mise en avant ; considérant la nécessaire réduction des émissions de CO2, il y aura toujours trop de pétrole, répète-t-on. Le pic pétrolier s’insère en fait assez mal dans ce message simple. Il n’y aurait désormais plus assez de pétrole, mais cette fois pour l’économie et la stabilité de la société. A la fois trop et trop peu. Un certain nombre de défenseurs du climat préfèrent donc ne pas parler de pic pétrolier pour ne pas brouiller le message.

Pourtant, le pic pétrolier à lui seul ne permettra pas de stabiliser le climat, et du côté des solutions, ce sont les mêmes que pour le changement climatique, elles visent à réduire la consommation des hydrocarbures. Mais le timing et le contexte humain sont complètement différents. A titre de comparaison, prenons une personne qu’on voit se nourrir de moins en moins au fil des semaines. Mange-t-elle moins parce qu’elle suit un régime ou parce qu’on la prive de nourriture ? On sent bien ici la différence. Après des décennies de mobilisation continuelle qui ont préparé les mentalités, la lutte climatique a été embrassée par tous, car elle est similaire à un régime qu’on s’imposerait dans l’abondance. Les régimes, c’est plutôt populaire, et on peut facilement se permettre une entorse ici ou là. C’est d’ailleurs ce qui n’a cessé d’être fait depuis des décennies de discussions sur le climat, puisque toutes les formes d’énergie sont en croissance. Au contraire des actions pour le climat qui vont leur train de sénateur au gré des compromis, le pic pétrolier risque d’être une marche forcée vers le sevrage à un rythme qui nous échappe.

De plus, la privation ne sera pas toujours perceptible. Dans des marchés fonctionnels, vous n’allez pas trouver la pompe à essence vide. Vous n’observerez pas non plus des prix systématiquement élevés. Certains mois, ils le seront au point de créer des mobilisations massives, comme celle des gilets jaunes, mais à d’autres moments les prix seront raisonnables. Beaucoup de privations ressenties par la population seront indirectes, via des effets sur les prix des biens de consommation, les taux des emprunts hypothécaires, le niveau d’embauche des entreprises, ou les ajustements politiques sur les taxes, l’âge de la pension, le remboursement des soins de santé, le montant du chômage, etc. Je le répète encore, l’un des gros obstacles à une bonne gestion du pic pétrolier, c’est le problème de visibilité. Et pourtant, nous devons anticiper sans tarder pour limiter les effets les plus durs.

  • 8. L’alimentation des villes est complètement dépendante du pétrole. Comment organiser la cité pour qu’elle puisse encore être nourrie à terme ?

L’efficience de l’agriculture moderne est trompeuse car elle se mesure en tonnes de blé produites par agriculteur et par hectare. Que les agriculteurs et les éléments nutritifs du sol aient été largement remplacés par les énergies fossiles est passé sous silence. On n’en est pas encore arrivé à généraliser la commercialisation de protéines de levures mangeuses de pétroles, comme l’avait fait BP dès les années 1970, mais tout de même, l’agriculture moderne s’apparente à une machine qui convertit pétrole, gaz, et un peu de soleil tout de même, en des molécules assimilables par l’organisme humain : blé, riz, etc. Dans un monde avec moins de pétrole, l’agriculture et les circuits alimentaires menant du champ à l’assiette devront s’adapter, leur dépendance au pétrole les rendant susceptibles d’impacter lourdement la société.

Le plus important pour maintenir les ventres remplis, c’est le maintien des grandes cultures qui apportent la majorité des lipides, protides et glucides végétaux: céréales, pommes de terre, protéagineux, oléagineux. Pour ces cultures, il existe déjà un certain nombre de solutions permettant de réduire les intrants fossiles sous forme mécanique ou chimique, et de profiter au mieux des cycles naturels. Citons le non-labour, le semis sous couvert, les cultures associées, l’agroforesterie. De plus en plus de recherches agronomiques sont menées sur ces pratiques culturales. Elles demandent une maîtrise assez fine, ce qui constitue un frein à leur généralisation. Reste à voir quel sera l’impact de ces pratiques combinées sur la consommation pétrolière et sur les rendements. Concernant les fruits et légumes, je me fais moins de soucis sur le long terme. La dépendance au pétrole peut rapidement être diminuée en basculant vers le local, moins de mécanisation, et une disponibilité saisonnière, soit des pratiques déjà appliquées aujourd’hui et rentables, mais qui généralisées entraîneront un changement des habitudes alimentaires. La réorganisation du secteur sous l’action du rétrécissement de la zone de chalandise pourrait toutefois être dramatique.

Je ne pense pas que les ajustements agricoles entraineront à eux seuls une réorganisation fondamentale de la cité. C’est plutôt l’agriculture qui s’adaptera aux différences de densité de population sur le territoire, le maraichage revenant ceinturer les villes comme par le passé, et s’insinuant même dans les zones peu denses des grandes métropoles. Cela peut très vite s’organiser en cas de choc pétrolier dur, comme on l’a vu avec les ʺjardins de la victoireʺ mis sur pied pendant la seconde guerre mondiale pour soutenir l’effort de guerre. Sur le plus long terme, le retour de l’alimentation au premier plan des préoccupations devrait favoriser l’emploi dans l’agriculture et une migration des villes vers la campagne. Pour finir sur ces aspects agricoles, je voudrais aussi aborder l’idée souvent évoquée d’utiliser les résidus agricoles comme substituts du pétrole pour les transformer en agrocarburants, biomatériaux, ou molécules pour la chimie. Si les intrants chimiques pour l’agriculture devaient effectivement se réduire drastiquement, il faudra oublier ces rêves. On ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre ; les résidus devront être recyclés sur place pour maintenir la fertilité du sol. Quoi qu’il en soit, l’agriculture sera un secteur prioritaire qui recevra toutes les attentions des gouvernements.

  • 9. Quels sont selon toi les délais à prendre en compte pour implémenter les solutions de transition, et quelles solutions prioritaires doivent être envisagées pour “limiter la casse”?

Que faire ? Comme les solutions du pic pétrolier sont celles pour le climat, elles sont bien connues, tiennent en trois mots, et je ne m’y attarderai pas : efficience, substitution, sobriété. Par contre, je soulignerai ici quatre recommandations pour activer leur mise en œuvre, dont certaines qu’on retrouve quasiment inchangées dans le rapport livré en 2014 au Parlement wallon https://hosting.umons.ac.be/php/aspo/public_html/EPPW/rapport-final.html. Je finirai par discuter des implications de la crise du coronavirus.

  • Améliorer la connaissance du pic pétrolier. L’Etat devrait être beaucoup mieux informé. Cela passe par l’obtention de données plus fiables sur les réserves et l’état de la déplétion pétrolière. Vu la nature hautement sensible et politique des données pétrolières, c’est un objectif très ambitieux mais réalisable par un gouvernement déterminé. Un objectif plus facile à atteindre concerne l’information du public. Tous les acteurs de la société, la population en général, devraient avoir une compréhension minimale de ce qu’est le pic pétrolier, que celui-ci devienne aussi connu des écoliers que le défi climatique. Cette connaissance est indispensable pour que tout un chacun évalue les effets que le pic pétrolier pourrait avoir sur sa vie, ses affaires, sa carrière, et agisse en conséquence. Les bouleversements que le pic pétrolier entraînera seront innombrables et durables. C’est donc tous ensembles que nous devons être à la manœuvre, pas seulement l’Etat ou les politiques, qui comme tout le monde devront s’adapter à une nouvelle réalité dont personne n’a d’expérience.
  • Intégrer le pic pétrolier dans les politiques énergétiques. En Europe, le charbon doit être abandonné pour raison climatique, les gisements de gaz s’épuisent, et certains pays sortent du nucléaire au moment où se profile le déclin mondial du pétrole. Pourra-t-on gérer ces déclins combinés, alors que soleil et vent sont intermittents et ne représentent aujourd’hui que 10% de l’énergie primaire consommée ?
  • L’inaction tient aussi à la croyance en le marché et la technologie pour résoudre le problème, mais technologie n’est pas énergie, et l’histoire nous montre qu’il est difficile de se passer de pétrole. Le déclin pétrolier durera longtemps, nous obligeant chaque année pendant des décennies à de nouveaux efforts de réduction de consommation. Ce véritable travail de Sisyphe pourrait agir comme un frein récurrent sur la croissance. L’énergie étant nécessaire à toute activité, une contrainte énergétique se traduit en effet par moins d’activités. Et sans mesure pour canaliser cette réduction d’activité, elle se répand à travers l’économie et se matérialise sous la forme d’une croissance réduite ou d’une récession. Au niveau de l’Etat, il n’y a probablement pas d’économiste qui travaille sur cette hypothèse peu emballante, la croissance étant la norme depuis deux siècles. Par précaution, il est urgent d’étudier et d’envisager des systèmes d’organisation des sociétés et des formes institutionnelles compatibles avec une croissance économique nulle ou négative sur de longues périodes. Sans outils et plan cohérent pour gérer ces évolutions, nombre d’hommes et femmes politiques actuels risquent de tâtonner, de commettre beaucoup d’erreurs aggravant les problèmes, et d’être emportés par les bouleversements socio-économiques.
  • Vu les risques économiques, il est nécessaire d’agir aujourd’hui alors que nous disposons encore de temps et de marges de manœuvres, plutôt que d’agir demain sous la contrainte.  

Là où des années de conscientisation et d’envolée des prix du pétrole avaient échoué à faire bouger les choses, la crise sanitaire a précipité des mesures dont aurait rêvé tout gestionnaire de crise pétrolière. En quelques semaines, le télétravail s’est généralisé là où c’était possible, montrant que la bougeotte propre à notre société n’est pas une fatalité, qu’il est possible de réduire rapidement la mobilité de pans entiers de l’économie sans trop les affecter. Le coronavirus a dévoilé le prix des délocalisations : manque de médicaments, de tests, de masques, de respirateurs. Là aussi, en quelques semaines, des personnes se sont montrées capables de développer des tests, de mettre sur pied des chaînes de production de masques, d’innover pour les respirateurs, bref de relocaliser le savoir et les productions, de raccourcir les chaînes logistiques. Face à une situation inédite, du jour au lendemain des comportements enracinés ont été bousculés, visibles à travers la hausse des achats alimentaires locaux ou la modification des habitudes alimentaires.

Le caractère disruptif de la crise sanitaire a engendré et permis en peu de temps des changements inimaginables hier encore. C’est un bon précédent pour ce qui nous attend avec le pic pétrolier. Mais il faudrait profiter de l’occasion pour encourager et pérenniser les nouvelles pratiques apparues avec la crise sanitaire et qui réduisent notre dépendance pétrolière (par exemple le télétravail). Sans soutien, ces pratiques risquent de disparaître en partie après le passage du virus, et les efforts pour leur mise en oeuvre devront être renouvelés dans quelques années.

Les gouvernements sont aujourd’hui prêts à tous les plans de relance, et une masse d’argent public va se déverser pour sauver le maximum d’entreprises et d’emploi. C’est bien le genre de mobilisation à laquelle on peut s’attendre pour gérer les effets du pic pétrolier. Mais toute cette puissance est déployée aujourd’hui pour un événement inattendu et tout autre, un minuscule virus. Les états seront-ils capables de redéployer une telle puissance de moyens dans 5 ou 10 ans ? Entre-temps, n’allons-nous pas gaspiller nos efforts dans des secteurs pétro-dépendants qui réclameront bientôt de nouvelles aides pour survivre quelques années encore dans le déclin pétrolier ? Il est donc indispensable de prendre des mesures allant dans le sens d’une réduction continue et massive de notre dépendance au pétrole (par exemple, isolation des bâtiments existants), et d’exiger des engagements en ce sens aux secteurs qui vont être sauvés par l’argent public (par exemple, relocalisation de la production, allègement des véhicules). Ne gaspillons pas cette opportunité en essayant de refaire partir le système à l’identique sur des bases pétro-dépendantes, au risque de voir se succéder crise sanitaire et crise pétrolière.

Une intéressante réflexion sur ce sujet a été récemment soumise à France Stratégie : https://aspofrance.files.wordpress.com/2020/05/2020-04-rc3a9ponse-c3a0-la-consultation-covid-19.pdf

Be the first to comment

Leave a Reply

Your email address will not be published.


*


This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.